Et si l'Occident était témoin ( sans le comprendre aucunement...) d'un nouveau monde qui se mettrait sur pied ?

S'il est un fait reconnu, indéniable et que l'on pourrait presque juger d'incroyable en ces ères soi-disant modernes, c'est bien l'état de surprise des états occidentaux devant les évènements de l'Afrique du Nord comme du Moyen-Orient.

Sans vouloir dans ces lignes pénétrer dans les clichés de "l'effet domino" commentés maintes fois, ce qui m'interpelle avant toute chose c'est la situation de l'Occident pris sur le vif dans une situation de non-prédiction de ces révoltes, pantalon bas, yeux emplis d'incrédulité, et de surcroît dans l'incapacité de réagir...Tout au plus d'en appeler aux divers gouvernements, nouveaux gouvernants, gouvernements de transition...à ne pas réagir par la violence, à somme toute baisser les bras, à accéder aux attentes ( peut-être légitimes d'ailleurs ?) des populations, à s'effacer devant les doléances, à surtout ne pas envenimer les situations.

L'Algérie de ce jour connait des interdictions claires et précises de toute manifestation ou marche sur le sol de la capitale, Alger, pour cause officielle de "peur que des éléments terroristes n'en profitent  pour pénétrer à Alger" ( Dahou Ould Kablia - ministre de l'intérieur). ..L'Algérie d'aujourd'hui c'est l'état d'urgence mais "l'état d'urgence ne gène nullement un certain nombre d'activités" (Dahou Ould Kablia)...

Situation répondant aux attentes de l'Occident ?

La Tunisie avec les émeutes que nous avons tous pu observer ( et qu'aucun état occidental n'avait prédit...) va devoir aller vers des élections mais quelles seront-elles ? Y verrons-nous Hamma Hammami (leader du parti communiste des ouvriers tunisiens) qui (et pour cause) a longtemps vécu dans la clandestinité, et qui de ce fait est quelque peu coupé de la rue tunisienne ? Serait-ce Moncef Marzouki (exilé en France depuis 2000), fondateur du Congrès pour la République qui aurait une écoute certaine auprès de la diaspora tunisienne mais serait totalement inconnu dans son pays ? Tous deux ayant par ailleurs un problème de poids: faisant partie d'une élite intellectuelle en rupture avec le petit peuple tunisien. A moins que ça ne sera Rached Ghannouchi (islamistes tunisiens) qui vient de revenir ce jour à Tunis après plus de 20 ans d'exil et qui pourrait trouver un terrain des plus fertiles alors que les habitants sont des plus frustrés et donc plus aptes à se tourner vers la religion ? Certains pensent même que le mouvement islamiste de Ghannouchi se voulait trop ouvert et trop enclein à des compromis politiques et qu'ainsi la population recherchera une force politique plus extrémiste que le parti Ennahda...

L'Egypte elle, va-t-elle trouver la solution d'un après-mouvement anti politique Moubarak par de nouvelles élections ? Quelles possibilités seront-elles proposées au peuple ? Il parait indéniable que les Frères Musulmans savent tirer leur épingle du jeu (enflammant certains quartiers, faisant pression sur les imams des mosquées...) et quant à un El Baradei, il est également ressenti comme faisant partie d'une élite non représentative du peuple et se trouve ces jours-ci soumis à résidence...

Doit-on ici reprendre les paroles de Michèle Alliot-Marie qui peuvent s'appliquer à tout autre appel occidental: "nous sommes très préoccupés par les manifestations, et nous déplorons les violences qui ont fait des victimes. Nous appelons à la retenue et au dialogue." ?

La Jordanie qui a également vu dernièrement des émeutes dirigées par les Frères Musulmans est-elle si différente de ces états de castes dirigeantes et de pauvreté extrême du peuple ?

Et que dire de la Syrie, du Yémen, d'états africains nombreux où le vécu journalier des divers peuples et populations n'a rien à envier à ces pays qui s'enflamment..?

Que penser de ces lignes décrivant une situation en date de ce vendredi 28 janvier : Poubelles renversées, bris de verre sur le sol, au réveil jeudi matin, le quartier de Ouakam porte encore les stigmates des évènements de la nuit précédente. L’agence locale de la Senelec, la compagnie publique d’électricité, ne s’en est pas remise : portes défoncées, vitres brisées, sièges brûlés, climatiseur arraché et enseigne démontée… En banlieue, ces interminables coupures de courant ont été à l’origine de violents affrontements entre jeunes et forces de l’ordre durant ces derniers jours. Les manifestants érigent des barricades et bloquent les routes et, quand les policiers interviennent pour les disperser, les jets de pierre répondent aux grenades lacrymogènes…A Alger ? A Tunis ? Au Caire ? Non, à Dakar au Sénégal !!...

L'Occident trop axé sur des politiques d'intérêts évidents ne s'est-il pas aveuglé sciemment devant des situations qui ne se sont pas implantées du jour au lendemain, laissant ainsi des vents de révoltes puissants s'installer de par les continents ? Cet Occident aveugle n'a-t-il pas ouvert en grand la porte vers la résurgence de gouvernements d'un autre âge, n'ayant aucunement retenu les leçons de situations telles que celle de l'Iran ?

Alors que Alliot-Marie s'exprimait ainsi: "Tous les dirigeants de ce monde doivent être à l'écoute des transformations de la société, de l'aspiration des peuples au changement, à la liberté, à la démocratie, au partage des richesses...", les décisions politiques internationales se rapprochent-elles même d'un iota de cette belle envolée ?..

Le monde change, les peuples opprimés se soulèvent et l'Occident continue inlassablement le même déplacement comme si de rien n'était...jusqu'au prochain soulèvement...

Marc Lev auteur de "Après-demain ?" - Edilivre ( qui vous entrainera au sein du terrorisme islamiste).

Sources: benillouche.blogspot, El-Watan.com, slate.fr,city-dz.com, leparisien.fr