Et si l'Occident agissait on ne peut mieux afin de réimplanter l'extrémisme ?

Alors que le dernier rassemblement du G8 vient de se terminer, force nous est de constater que l'Occident avance indubitablement dans le sens des révolutions...islamiques...

Pour exemples il nous est aisé de prendre les cas de la Tunisie comme de l'Egypte, états qui vont dorénavant bénéficier d'une aide substancielle, qui vont avoir les moyens de continuer et parfaire ce qui est en train de se mettre en place...

Remémorons-nous ici les qualificatifs occidentaux qui ont suivi le printemps du jasmin: liberté, libération, démocratie...La question quant à une réaction de contestations non pas politiques mais bien de vie et de survie ne s'est aucunement posée. Le rapprochement d'avec une similarité de situation avec la révolution française de 1789 n'a aucunement accroché les dirigeants occidentaux. Le peuple tunisien désirait la démocratie, un point c'est tout...

Les besoins journaliers des révolutionnaires de ce printemps tunisien avaient-ils un quelconque rapport avec un retour des Frères Musulmans (par Rached Ghannouchi interposé) sur la scène politique ? A moins que l'Occident ne voyait en ce retour d'exil l'expression la plus réelle d'une démocratie en marche ?

A propos de démocratie tunisienne, de besoin absolu de celle-ci de la part des jeunes, il est intéressant de reprendre quelques lignes de l'excellent article de Patricia Mamou (Metula News Agency): "Le printemps arabe: un pur fantasme occidental" où celle-ci décrit ses échanges actuels avec des jeunes tunisiens arrivés en gare de Nice:

"Oui, nous voulions voir Ben Ali quitter le pouvoir, c'est un voleur, un voyou; mais on n'est pas fou: lui ou un autre c'est pareil...Une fois au pouvoir, leur but, c'est leur propre fortune, pas la nôtre ! Pour les gens aux commandes du pays, nous les pauvres, nous n'existons pas. Ils ne s'intéressent pas à nous. Alors nous, la révolution, on s'en fiche aussi. Ce que l'on veut c'est travailler, gagner de l'argent, nourrir nos familles, vivre...normalement"...

Paroles que Patricia Mamou commentent ainsi: " je me dois de préciser qu'au cours de nos entretiens, qui ont duré plusieurs heures et ont impliqué des dizaines de migrants, pas une seule fois n'auront été prononcés les mots de démocratie ou de liberté. Les jeunes gens échoués sur notre plage n'ont pas de conscience politique ou idéologique, du moins pas dans le sens où nous l'entendons"...

Alors, besoin de démocratie ? Désir de pouvoir s'exprimer librement ? Rêve de manifester sans ingérence des forces gouvernementales, ou tout simplement situation beaucoup plus terre à terre de pouvoir remplir chaque jour l'assiette familiale ?..quitte à suivre pour ce faire des courants extrémistes, quitte à condamner les juifs quant à la situation ( incendies de synagogues...)

La situation égyptienne a-t-elle été différente de cette Tunisie ? Les motivations à la révolte de la place Tahrir se nommaient-elles "liberté de la presse", "liberté religieuse", "liberté de s'opposer"...ou d'une manière plus cartésienne "liberté d'avoir chaque jour des aliments", "liberté de gagner notre vie", "ras le bol des différences dans la société égyptienne"..?

Démocratie, liberté chérie...le guide suprême des frères musulmans en Egypte, Mohamed Badie, ne vient-il pas de déclarer que son mouvement est capable de gagner 75% des sièges du Parlement lors des élections législatives prévues en septembre ? De-même qu'il a fait connaitre sa demande  sans discussion possible exprimée face au pouvoir militaire en place actuellement " de ne pas demeurer au pouvoir un seul jour après la fin de la prériode transitoire"..?

La société des Frères Musulmans n'a-t-elle pas été créée par Hassan al-Banna sous des règles du genre : Son autorité s’appuie sur un serment d’allégeance à sa personne prononcé par chacune des recrues. "Je m’engage envers Dieu, le Très-Haut, le Très-Grand, dit le postulant, à adhérer fermement au message des Frères musulmans, à accomplir pour lui le "jihad" (la guerre sainte), à avoir entière confiance en son chef et à lui obéir totalement en toute circonstance heureuse ou malheureuse..."?..

L'Occident a-t-il décidé d'aider concrètement à la réapparition d'anciens partis (secrets sous Moubarak) tels que : le parti nazi égyptien qui se donne pour but de "mieux représenter l'opinion publique" (Emad Abdel Sattar - membre fondateur)..?

Comme l'élection "démocratique" du Hamas à Gaza,l'Occident si prompt à décider d'aides vers les pays concernés peut-il croire que ce que nous nommons "démocratie" va se concrétiser en Tunisie, en Egypte, en Lybie, en Syrie..? Quelles réformes se sont-elles concrétisées en Egypte depuis quatre mois que le Conseil suprême des Forces Suprêmes est à la tête du gouvernement provisoire ?

S'il parait de prime abord évident que le G8 considère comme de son intérêt actuel de soutenir ces états, misant sur de futures démocraties avec lesquelles les échanges ne pourront que se développer,n'est-il de fait pas en train de placer le loup dans la bergerie..?

Marc Lev (auteur de "Après-demain ?" - Edilivre)

Sources: french.cri,lepoint.fr,Al Masry Al Youm ( l'Egypte d'aujourd'hui),jss.overblog,alterinfo.net,letemps.com