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Marc Lev : le blog
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17 juin 2011

Comme si...

L'être humain (moi compris) semble avoir cette propension à prendre ses désirs pour des réalités, à considérer qu'une action exécutée à droite va obligatoirement mener à la solution qu'il espère, à voir les mouvances se concrétisant sur la surface du globe et à se persuader que c'est indubitablement pour le mieux.

Ainsi et comme si l'on ne s'y attendait pas, qu'est devenu le premier mouvement contestataire tunisien de ces derniers mois ? Des avancées ? La manne pour le peuple ? La démocratie dans toute sa splendeur ? Voilà ce qu'a écrit Habib Chaghal ce 15 juin dans le site "La Presse.tn" :

"Cependant, en dehors d'un groupe d'experts qui avaient, en présence de M. Mansour Moalla, débattu à Sfax des perspectives de l'économie nationale et régionale pour les prochaines années, cette réflexion ne semble pas intéresser nos acteurs politiques toutes tendances confondues en dehors des islamistes (Rached Ghannouchi : " Il est clair qu'il n'existe pas d'autre alternative au modèle moderniste tronqué (actuel)... que le choix du modèle islamique ", phrase tirée de " Les libertés générales dans l'Etat islamique, page 20, août 1993") qui ont un système prêt à l'emploi hérité de Mawardi et Ibn Taymia et aménagé par Hassen El Banna, et des communistes qui privilégient le projet marxiste-léniniste."

Ainsi et comme si l'Egypte d'aujourd'hui avait tout d'un état différent, d'une démocratie à outrance, d'un système de disparition totale de toute pauvreté comme nous y avons tous cru...voilà ce que pense des avancées de la révolution égyptienne le journaliste égyptien Tangi Salaun (également auteur de "l'Egypte du Tahrir,anatomie d'une révolution"):

- Etes-vous sur que l'on puisse parler de révolution? Une révolution c'est un changement radical de système. Or là, c'est toujours le même appareil militaire qui est aux commandes, non?

- Oui et non. L'armée est effectivement revenue sur le devant de la scène et le terme de coup d'Etat militaire n'est pas absurde. Mais contrairement au coup d'Etat des "officiers libres" en 1952, par exemple, ce n'est pas elle qui en a été à l'origine mais la rue. C'est la rue qui a poussé Moubarak vers la sortie et contraint l'armée à le "lâcher" pour conserver son statut privilégié. Dire que rien n'a changé est exagéré, car beaucoup de responsables de l'ancien régime sont en prison, certains déjà condamnés. C'est au moins prématuré. Il faut attendre les nouvelles institutions pour dresser un premier bilan..."

Ainsi, et comme si l'on avait sciemment oublié les débuts d'émeutes en Jordanie où un jordanien sur quatre vit sous le seuil de pauvreté, où des dizaines de milliers de personnes ont fait connaître leur mécontentement quant à la vie chère, le chômage, la politique économique du gouvernement...Croit-on sincèrement que des solutions concrètes aient vu le jour ces derniers mois ?

Ainsi, et comme si nous ne nous y attendions pas, la rue syrienne a suivi le pas pour somme toute des raisons similaires: pauvreté extrême ( touchant jusqu'à 14% de la population), chômage touchant un syrien sur cinq...et se voit assassinée, tuée, massacrée...Avions-nous prévu ce genre de situation dans un tel régime que celui de la Syrie ?

Et si l'on pourrait penser que la rue libanaise ne suivra pas ce même exempte, il suffit de se doter de quelques données actuelles pour...

Ainsi, et comme si personne n'a vu venir la chose, en cette année 2011 le chiffres d'affaires des restaurants est en baisse de 40% et une vingtaine d'établissements ont fermé dans le centre-ville et dans le quartier de Gemmayzé", symbole de la vie nocturne beyrouthine.

D'après des sources hôtelières, les pertes de certains restaurants sont estimées à plusieurs millions de dollars.

Mais le tourisme n'est pas le seul touché: sur les 4 premiers mois de 2011, les transactions immobilières ont chuté de 21% et les recettes des douanes de 20%, témoignant de la frilosité des commerçants dans un pays largement importateur.

La valeur des échanges à la Bourse de Beyrouth a chuté de 78% jusqu'à fin mai.

Après des taux de croissance record (7,5% en 2010), les prévisions pour 2011 sont moroses: 2,5% selon le Fonds monétaire international (FMI).

"Il y a un renversement de la tendance: la confiance du consommateur est en baisse en raison de la crise politique, d'où un ralentissement de l'économie", explique Nassib Ghobril, chef du département de recherches et d'analyses économiques à la banque Byblos.

Les économistes craignent que la baisse des recettes, qui creuse déjà le déficit budgétaire, n'augmente les besoins d'emprunt de l'Etat. L'absence de réformes pourrait également augmenter le ratio dette/Produit intérieur brut (PIB) déjà très élevé, à 135% à la fin 2010.

Oui, la rue libanaise avec son nouveau gouvernement va-t-elle se taire ou suivre un exemple déjà bien rodé par d'autres..?

Les populations de ces divers états trouveront-elles un jour des régimes égalitaires, des démocraties, des droits identiques pour les femmes comme les hommes, pour les pauvres comme les riches, pour les musulmans comme les autres..?

Nos désirs humains sont une chose; mais celle-ci n'a-t-elle pas pour nom : utopie ??

Marc Lev (auteur de "Après-demain ?" - Edilivre)

Sources: www.iloubnan.info, laPresse.tn, lexpress.fr

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